L’épouse de Wolinski dénonce les incohérences de l’attentat à Charlie Hebdo

25 mai 2015

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Le dessinateur a été abattu un matin de janvier assassiné par les frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo , Georges Wolinski a laissé une œuvre inachevée et des phylactères vides à tout jamais. Il a surtout laissé une veuve déterminée : « Je veux connaître la vérité sur les attentats ».

La voix douce et fluette, Maryse Wolinski tente de reprendre le cours de sa vie. Une vie qui tourne toutefois au ralenti depuis qu’elle a perdu son mari. « Tout me semble sombre et compliqué », confie-t-elle. Attendue ce mercredi 27 mai à Briançon dans le lycée que Georges avait fréquenté, Maryse Wolinski traverse son temps de deuil avec tristesse, évidemment. Avec colère, aussi.

Quatre mois et demi après les attentats et la mort de votre mari, comment allez-vous ?
Je vais mal. Après 47 ans de vie commune avec un homme comme Georges, on peut difficilement se remettre d’une fin si brutale. Il était généreux, amoureux : je ne sais pas comment continuer à vivre sans son regard. Nous avions une vie facile, agréable, légère et aujourd’hui, tout me semble sombre et compliqué. Au quotidien, je fais comme s’il était parti en vacances… même si je sais qu’il ne reviendra plus. Je n’ai rien touché à l’appartement mais je ne vais pas pouvoir y rester. De toute façon, je n’en ai pas les moyens, je gagne beaucoup moins d’argent que Georges.

Votre vie privée est désormais cadencée par des obligations publiques. Pourquoi répondre à toutes ces sollicitations ?
C’est vrai, je réponds à beaucoup de sollicitations en France comme à l’étranger et ça me prend beaucoup de temps. Je le fais pour Georges. Je suis contente pour lui. Je préfère lui rendre des hommages plutôt que d’aller chez un psy. Ça me fait du bien de découvrir la France sous cet angle-là. Je suis même allé à Tunis, là où il est né, pour une cérémonie d’hommage : c’était très émouvant.
Vous semblez tout de même tracassée…
Je le suis. Je dois régler les problèmes de succession pour valoriser l’œuvre de Georges : c’est compliqué administrativement.

Le sentiez-vous en danger avant les attentats ?
Pas tellement. Il n’avait jamais dessiné Mahomet. Mais nous avions été mis sous protection au moment de “l’affaire des caricatures” en 2006 et puis ensuite, rien. Il ne m’avait même pas dit que Charb était visé par une fatwa. Il me protégeait. Si je l’avais su, je lui aurais demandé de quitter Charlie Hebdo.

Mais vous saviez tout de même que Charlie Hebdo était dans le collimateur des intégristes ?
Oui. Mais ce sont des failles dans le système de sécurité à Charlie Hebdo qui ont conduit à ce drame du 7 janvier. D’ailleurs, je mène ma petite enquête de mon côté car j’estime qu’il y a des zones d’ombre dans le déroulé des faits. L’attentat a été commis un jour où tout le monde ou presque était réuni à la rédaction : ça n’arrive jamais mais là, ils avaient prévu de partager une galette des rois et comme par hasard l’attentat a eu lieu ce mercredi et ça n’est pas anodin. Aussi, j’ai noté beaucoup d’incohérences, de différences entre les mesures de protection réelles à Charlie Hebdo et les préconisations de la préfecture de police. Je voudrais aussi savoir pourquoi l’acte de décès de mon mari a été signé à 11h30 alors que les frères Kouachi sont arrivés à Charlie Hebdo à 11h33. J’ai plein de questions à poser au juge d’instruction dans le cadre de ma contre-enquête.

http://quenelplus.com le 24 Mai 2015

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